ça continue tranquillou...

je retrouve internet, je vous envoie donc les dernières nouvelles du chaud...

Dimanche on a déménagé à 100 m des gens chez qui ont été hébergés, jusque chez le « docteur Chaumentin », Gilles de son prénom, avec qui nous allons cohabiter jusqu’à son départ à la fin du mois.

Il a une cinquantaine d’années, style pince sans-rire solitaire, mais je crois que nous allons plutôt bien nous entendre. Il aime bien le VTT et la rando (il a fait le GR20, le GR5 de Thonon à Nice, la HRP, haute-route des Pyrénées qui traverse d’ouest en est les pyrénées en 45 jours, le tout en solitaire avec sa tente !), il est au Niger depuis 2 ans et y serait bien resté 2 années de plus mais son poste a été supprimé, il rentre donc chez lui vers Roanne.

Le déménagement n’a pas été trop terrible, vu la distance et nos affaires réduites (Estelle avait déjà fait déposer l’essentiel de ses affaires chez le docteur) ! Le seul embêtement a encore été le neveu de la proprio qui nous harcèle avec des voitures d’occas’ depuis qu’on l’a rencontré chez ladite proprio (une Libanaise avec un sacré caractère … et un sacré problème avec l’argent, comme tous ceux qui en ont ici : elle a essayé de faire payer le loyer d’octobre en double, une fois au docteur, une fois à Estelle, vu que tous les deux seront dans la maison ce mois-ci !). Elle nous avait présenté son neveu (Olivier, qui te parle tout de suite comme si on était copain de 30 ans !) parce qu’il avait un frigo à vendre, et avec qui l’affaire fut d’ailleurs conclue. Et comme Estelle avait qu’elle était encore à la recherche d’une voiture, ils se sont mis en tête de nous en trouver une…

Où finit le service, où commence les affaires, c’est jamais facile de savoir… Ou plutôt c’est assez clair ! Depuis le début Estelle lui demande si il faudra aussi payer ses services en plus de la voiture (comme il faut faire pour tout dès que quelqu’un « t’aide » et il jure ses grands dieux que non, c’est juste parce qu’il veut qu’on garde un bon souvenir du Niger, qu’il veut nous aider, que de toute façon là il n’a rien d’autre à faire pour l’instant (il part à Orléans à la fin du mois, je ne sais pas trop quoi faire). Hier soir, quand l’autre négociateur qu’il nous amène avec une voiture (comme d’habitude bien plus cher que ce qu’Estelle lui a dit) baisse de 200 000 CFA (300 euros), il nous prend à part pour nous expliquer que c’est parce qu’en fait il lui a dit qu’il ne prenait pas sa commission (comme quoi il cherchait bien à en prendre une jusque là ! et je pense maintenant encore…). Pour chaque voiture qu’il nous amène (alors qu’on ne lui a rien demandé, ou plutôt de nous lâcher un peu), il y a à chaque fois, au moins 3 intermédiaires différents, du coup avec les com’ de tout le monde incluses dans le prix de la voiture, ça fait 1000 euros de plus que le simple prix de la voiture !

Encore une fois ils vendent à des prix incroyables des trucs qu’on jette à la poubelle en France ! Des 4x4 tout pourris de 25 ans d’âge affichant 300 000km au compteur (mais ils sont capables de te dire « oui mais si tu le dis en miles -parce qu’ils ont pas mal de voitures en miles- ça fait même pas 200 000, c’est rien » !!!), ou plus inquiétant encore moins de 100 000 (mais non woualaï –je te jure- le compteur est pas trafiqué, c’était un français qui avait la voiture qui s’en servait pas), le tout proposé sans sourciller entre 5 et 6 millions CFA (7500 – 9000 euros), et qu’après des heures de palabres et de discussion ils descendent à 4-4.5 M CFA, pas moins (6000-7000 euros) !

On leur dit donc d’arrêter de venir nous voir si c’est pour des trucs comme ça, mais ils reviennent tous les jours. Et toujours avec des voitures bien trop neuves par rapport à ce qu’Estelle leur demandait (des RAV4 de 2000 en miles avec 200 000 miles au compteur à plus de 10 000 euros, pas de problème !), comme si de toute façon comme on est blanc, de l’argent on en a tant qu’on en va mais que juste on ne veut pas le donner. Après faut aller avec eux pour voir leurs autres épaves, etc… En plus j’ai beau leur dire que c’est pas moi qui choisit, pas moi qui achète, ils ne parlent qu’à moi, « regarde comme elle est belle nico cette caisse putain, prends là, ça c’est de la caisse, viens l’essayer comme elle arrache, etc… ». Bref, ils me saoûlent pas mal !

Hier soir ils apportent une voiture qui venait d’europe avec des papiers des douanes à l’intérieur auxquels ils comprenaient rien, je vois « valeur argus TTC 1 600 000 CFA », et ils cherchaient à la vendre 4 000 000 CFA ! Puis ils me disent, « oui mais l’argus tu connais pas, ici c’est un journal qui donne le prix des voitures si tu multiplies par 2 ou 3 »… Bref… Y a quand même de quoi rire un peu !

Autre aventure intéressante : le bricolage. Ici (pour l’instant) pas moyen de trouver des outils (heureusement j’avais pris avec moi une pince, un tournevis cruciforme et mon couteau suisse), ni du matériel de bricolage (planche, vis, …), trouver un simple bout de bois requiert le concours d’encore une bonne poignée d’intermédiaires ! Et bien sûr en tant que blanc les négociations sont dures… En plus un blanc qui travaille, ils ont pas l’air de pouvoir envisager ça !

Bref, Estelle avait passé la commande au menuisier du lycée d’un cadre en bois sur lequel poser une moustiquaire pour arrêter de se faire bouffer la nuit. Après avoir livré la semaine dernière 8 bouts de bois de 2 mètres en vrac, sans rien pour les monter, alors qu’on lui avait dessiné sur un bout de papier les dimensions HxlxL qu’on voulait, il a dit que ça serait prêt pour cette semaine et que son assistant viendrait la monter. C’était l’aventure de lundi après-midi !

Je vous le fait rapide, mais ça valait le coup d’œil : la scie utilisée en tenant le bois d’une main et en sciant vers soi, pour être sûr de s’ouvrir le bras si la lame ripe, les vis (pas 2 les mêmes, toutes rouillées) plantées au marteau (tien ça tient pas bien…), les équerres métalliques fabriquées sur place avec du fer plat (merci la pince de nico !), les ajustements au cm au mieux, du grand art ! Et bien sûr avec un cadre carré posé sur des pieds de 2 mètres sans renfort en diagonal dans les coins ni rien de ce genre, le résultat est d’une stabilité impressionnante…

Bon mais le cadre est là… Pour la moustiquaire, c’est pas encore ça ! Merci cette fois encore à madame Hélène la proprio… Estelle lui avait dit qu’elle allait se faire faire une moustiquaire chez je sais pas qui, une couturière chez qui elle s’est déjà fait faire des trucs et qui paraît-il travaille bien (pour le niveau d’exigence local) et à pas trop cher. Et la proprio de dire, « pas bien, elle va vous prendre trop cher, moi je m’occupe de vous en faire une, mieux, moins cher, sûr ». Allez, essayons-voir la concurrence… Et Hier soir son neveu, à qui on demande s’il n’a pas des nouvelles de notre moustiquaire alors qu’il nous ramène une voiture, nous répond « à oui, hier Mamy a cherché dans toutes ses malles mais elle l’a pas encore retrouvé, pourtant elle est sûr d’en avoir une vieille dont elle se sert pas ». Sans commentaire encore… Bien sûr ça allait bien être du sur mesure, heureusement qu’on lui a donné les dimensions !

En revenant de ramener l’assistant menuisier au lycée, je me fais pour la première fois arnaquer en Afrique (jusque là de toute façon, j’avais pas de fric !) : un gusse m’interpelle depuis l’autre bout de la rue, je m’arrête (j’étais en voiture, une vieille toyota qu’un collègue prête à Estelle), il me dit qu’il est le mécano de la voiture (vu l’état ça aurait dû me mettre la puce à l’oreille), me parle de madame au lycée, me demande si j’ai eu une « bonne arrivée » comme ils disent tous, bref me pipote un bout de temps avec des trucs crédibles prouvant qu’il sait de qui il parle (et qu’il a donc bien préparé son affaire). Il finit par me dire qu’il est en panne d’essence qu’il faudrait que je le dépanne, qu’il me ramène tout de suite l’argent, je le vois bien venir, alors je le teste, lui dis qu’il sait même pas où j’habite, alors il sort que si, bien sûr, on était chez monsieur Corréa, on vient de déménager chez le docteur Chaumentin, il joue vraiment bien la comédie, style dégoûté que je ne le crois pas, voire dégoûté que je ne le reconnaisse pas et moi vu que je les confonds tous je me dis que je l’ai peut-être déjà rencontré, d’autant qu’il me parle de Boubakhar le gardien et qu’entre tous les gardiens de la rue et ceux qui passent la journée avec eux, moi je ne reconnais personne, bref je finis par craquer, au début pas trop, je lui dis quand même que j’ai rien, juste 1000 CFA (1.5 euros !), alors bien sûr il dit qu’avec ça il aura même pas de quoi redémarrer, etc…, je finis par lui donner un billet de 5000 (qu’il refuse au début, genre trop touché dans son amour propre que je ne lui fasse pas confiance !) et il finit par le prendre et de rajouter aussi sec « et aussi les 1000, là », il perd pas le nord, je lui dis de me les rapporter tout à l’heure au lycée, oui oui bien sûr, et hop, envolé, 60 balles définitivement disparus… ça fait toujours mal au cul de se faire entuber comme un bleu, m’enfin au-moins il aura mérité son argent avec sa performance d’acteur, c’est ça les intermittents du spectacle en Afrique !

Concernant la maison, c’est pas mal du tout, même si elle est un peu plus chaude que là où on était avant. Y a une piscine, comme dans toutes les maisons de ce style, et elle est plutôt mieux que la moyenne (6mx3m avec une bonne portion où on n’a pas pied).

On a aussi un gros animal de compagnie (que la proprio peut pas voir en photo et qui veut qu’on s’en débarrasse après le départ du docteur : une tortue grand modèle, style caroline fois 10, qui crève malheureusement un peu la dalle et que ça a l’air de rendre un peu agressive : quand elle est bien réveillée, elle te part après pas tant comme une tortue que ça, et vu son « bec », t’as pas trop envie de t’amuser avec ! Elle est quand même rigolote à voir monter et descendre les escaliers de la terrasse, pousser ses drôles de grognements, tondre la « pelouse »… Par contre elle bouffe tout ce qui pousse. J’ai essayé de planter des trucs : j’avais des graines de tournesol à grignoter, j’en ai fait germer et replanter quelques unes, en tenant humide avec cette chaleur, ça traîne pas, germées en deux jours, 3 cm de haut en deux jours de plus… et bouffées en 2 secondes par grosse-bouffe !

Bien sûr tout est fait avec les pieds (rien qui jointe, perpendiculaire ou parallèle, connais pas !), les lampes sont archi-cheum, …

Et puis pas internet ici, faut retourner chez nos anciens hôtes (comme pour la machine à laver, ce qui est l’occasion de faire d’une pierre deux coups)…

Bon j’avais encore des tartines à écrire sur l’aïd (c’était aujourd’hui, jeudi, la fin du ramadan), les différences de mentalités, la façon de conduire (« non nico fait jamais ça [alors que je m’étais arrêté pour en laisser passer un que personne ne laissait s’engager à grand renfort de klaxon] sinon après il passe et après t’es derrière »…), le « petit marché » (=grand bazar), les « grands magasins », l’organisation redoutable à tous les étages, l’efficacité encore et encore… Mais ça en fait déjà pas mal pour cette fois (c’est un message par semaine, mais y a de quoi faire !), je vais en garder pour les autres fois.

Quelques photos si internet est pas trop lent et bises à tous.

Comments

[sandrine]

salut Nico
eh ben je me gausse en te lisant mais pas tellement en fait parce que je crois bien que je ne suis pas de nature assez zen pour "supporter" cela. Ca me fait penser à nos vacances au maroc. Bref.
Je te le redis : j'ai une moustiquaire,immense, carrée pour votre magnifique cadre, et si tu crois que tu pourrais la recevoir sans te faire arnaquer le paquet via la poste locale (ou dhl ?), donne moi ton adresse et je la poste.
Sinon nous, on est à fond sur le problème de notre maison comme évoqué. C'est un super bazar avec compétitions d'incompétences, mauvaise foi et autre illustration de la bassesse humaine... démarrage honoraires avocat et procédures a/c de mardi prochain...pas trop le temps de s'ennuyer donc. Jules est à la maison pour 5 jours, c'est la fête !
Bien des bises et du courage.
Ca tombe bien que tu soies un mec zen, c'est l'épreuve du jour : cultiver la zénitude intense !
S.